dimanche 25 juin 2017

De la morale à l'éthique

Puisque le dictionnaire Larousse définit la morale comme :

  1. Ensemble de règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d'une certaine conception de la vie : Obéir à une morale rigide.
  2. Science du bien et du mal, théorie des comportements humains, en tant qu'ils sont régis par des principes éthiques.
Il s'ensuit que la morale et l'éthique sont différentes.

En effet, d'un côté nous sommes en présence d'un ensemble de règles de conduite bonnes ou mauvaises, et de l'autre côté d'une théorie comportementale régie par des principes éthiques.

A partir de là la question devient en quoi les règles de conduites sont différentes des principes éthiques ?

Historiquement c'est une lapalissade de dire que toutes les sociétés humaines ont eu et ont encore un code de conduite mais il serait inexacte d'affirmer qu'elles ont toutes eues des principes éthiques.

l'éthique étant une branche de la philosophie - comme la logique, la physique ou la métaphysique - nous devons en chercher les développements les plus significatifs à partir du 5ème siècle avant Jésus-Christ chez Socrate qui se distinguera de ses prédécesseurs par la recherche du comportement le plus vertueux.

Mais tendre vers la vertu ne signifie nullement respecter un code de conduite et dans certains cas cela peut aboutir même à l'inverse. Pour exemple, évoquons le cas des Cyniques (école de philosophie) et plus particulièrement de Diogène de Sinope dont le comportement "scandaleux" avait pour principe de faire fi de toutes les conventions, car toutes les règles de conduite si elles sont conventionnelles ne sont pas pour autant vertueuses.

Dans l'Ancien Testament nous pouvons lire les Tables de la Loi qui appartiennent assez clairement au domaine des conventions (dans le cas présente de conventions faisant partie de la Révélation Biblique).

Si le respect à la lettre d'injonctions comme : "Tu ne tueras point" ou "Tu honoreras ton père et ta mère" font de nous des êtres moraux, est-ce pour autant qu'elles nous transforment ipso facto en des êtres vertueux ?  

Autant le dire tout de suite la réponse est non car, pour ne prendre que celui-là, le "Tu ne tueras point" peut être contraire à l'éthique vu que si je m'abstiens toujours d'occire directement, en revanche je peux très bien torturer psychologiquement une personne au point qu'elle se suicide.

Dans ce cas, mon comportement irréprochable sur le plan morale aura toutefois été condamnable sur le plan éthique.

Ainsi il existe la même distance entre la morale et l'éthique qu'entre la loi et l'esprit de la loi.

Mais pour passer de la loi à l'esprit de la loi il faut du temps et même beaucoup de temps, là ou la loi règle les problèmes  d'un trait de plume, l'éthique demande de profondes réflexions. 

Dans l'Antiquité gréco-romaine cette réflexion passait par "l'otium philosophicum" autrement dit le loisir de philosopher, et dans tous les cas ce loisir exigeait que l'on adhère à une école de philosophie.

A la fin de sa vie Michel Foucault a développé une profonde réflexion sur le loisir de philosopher qu'il nommait (pour faire un raccourci utile) "le souci de soi". Il distinguait le "souci de soi" de la "connaissance de soi" car de son point de vue, comment se connaître sans avoir au préalable été préoccupé par la nature de ce soi et sans s'être donné les moyens ou le temps de l'étudier. 

Tout cela peut paraît narcissique voire déplacé quand la morale préconise simplement d'avoir le souci d'autrui étant donné que nous devons vivre tous ensemble. 

Ici réside un grand paradoxe, comment pourrions-nous avoir souci d'autrui sans avoir eu souci de soi ou comment reconnaître l'humanité de nos congénères sans l'avoir d'abord vue chez nous ? 

La morale n'exige pas une connaissance de soi, elle exige simplement un certain type de comportement à l'égard de nos semblables. 

En revanche l'éthique ne conçoit pas le souci d'autrui sans, au préalable, le souci de soi aboutissant non à s'accorder l'un ou l'autre privilège, encore moins à s'admirer, mais à se connaître en tant qu'homme car seul les hommes hautement instruits de leur nature peuvent reconnaître cette même nature chez autrui et l'on ne respecte vraiment que ce que l'on connaît bien.

Ainsi si la morale peut s'accommoder de l'ignorance de soi, c'est-à-dire l'ignorance de notre humanité, (avec son cortège de stéréotypes et d'idées toutes faites pour autant que la norme soit respectée) par contre l'éthique ne le peut pas.  

    
  



  


  



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