Dans les années
1880, au moment même où Nietzsche rédige « la volonté de puissance», ont
lieu des débats philosophiques sur ce qu'on appelle les propositions dites sans
sujets du type « il pleut» ou « il
est pensé ».
Parmi ces
discussions, le passage du « ça pense» à la conclusion évidente de
Descartes « qui dit pensée dit pensant» (es wird gedacht folglich es
dekendes) est pour Nietzsche un postulat logico- métaphysique, autrement dit
une croyance.
Dans « Par-delà
le bien et le mal» il attaque frontalement ce postulat reposant sur le
syllogisme
suivant dit "du grammairien":
suivant dit "du grammairien":
« Penser est une activité; toute activité comporte quelqu'un qui est actif; donc il y a quelqu'un qui pense.»
Il rejette le
présupposé logique que toute pensée requière un pensant et fait du sujet une
illusion inutile
en réduisant l'expression à la tautologie « on pense donc il y a pensée».
Pour lui la réalité « substantielle»
en soi de la pensée (la res cogitans) n'est qu'un postulat et une apparence et au
bout du compte la certitude cartésienne n'est qu'une croyance très forte.
Cette critique
est philosophiquement l'achèvement d'un courant de remise en cause du Cogito inaugurée
par Georg Christoph Lichtenberg (1742-1799) et poursuivie par Schelling à
partir d'arguments que des penseurs comme Brentano ou Miklosich appelleront les
propositions sans sujet.
D'un point de
vue « archélogique » [philologique]
cette critique a un intérêt car la traduction par H.
Zimmern de l'allemand vers l'anglais du syllogisme donne « every activity requires an agency that is
Zimmern de l'allemand vers l'anglais du syllogisme donne « every activity requires an agency that is
active; conséquently etc.
Là où l'anglais
traduit « sujet » ou « quelqu’un qui » par le
terme « agency » - soit en français le
substantif « agent » - on pourrait croire que les traducteurs
trahissent la pensée nietzschéenne. En fait ni dans un cas, ni dans un autre ce
n'est pas une erreur car l'illusion que dénonce Nietzsche est double quand il
attaque le sujet-agent tout autant sujet qu'agent.
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