jeudi 21 juillet 2016

La superstition de l'âme et ses présupposés.

Ce titre nous renvoie encore et toujours à la question du sujet et à celle de l'homme comme à celle du « je ».

Pour Wittgenstein (tractatus, 5.631) « il n'y a rien que nous soyons », quant à Nietzsche la
superstition de l'âme et du « je » est celle des logiciens, de la « routine grammairienne ». (cf. « Par-delà le bien et le mal »).

Dans « Wille zur Macht » (La volonté de puissante) Nietzsche critique ouvertement l'argument du Cogito en contestant que pour qu'il soit pensé, il faut que quelqu'un pense, c'est selon le philosophe une croyance à priori.

Cette croyance repose sur  l'a priori formel suivant[1] incluant 4 présupposés de la pensée :
      1.Toute pensée requière un pensant;
2.Toute pensée requière un sujet;
3.Toute pensée requière un pensant qui est un sujet;
4.Toute pensée requière un sujet qui est son pensant;
Soutenir la thèse 1) c'est prétendre qu'il ne peut y avoir de pensée sans penseur. Pourtant des propositions ou des vérités en soi comme une Forme, une Idée ou un Archétype platonicien sont des exemples de pensée sans penseur. De plus selon la théorie du « Troisième Royaume» de G.Frege[2] il y aurait une pensée différente à la fois du monde extra-mental [platonicien ?] et différente à la fois des simples représentations (thèse 2) :
« Telle est par exemple la pensée que nous exprimons dans le théorème de Pythagore, vraie intemporellement, vraie indépendamment du fait que quelqu'un la tienne pour vraie ou non. Elle n'a besoin d'aucun porteur ».
Les 4 présupposés de la pensée sont au diapason des 4 présupposés de l’action étant entendu que la pensée est une certaine forme d’action :
      a.Toute action requière un agent ;
b.Toute action requière un sujet ;
c.Toute action requière un agent qui est un sujet ;
d.Toute action requière un sujet qui est son agent.
A partir de là se pose foncièrement  la question de savoir qu’est-ce qui permet ou interdit voire qui légitime le passage des présupposés a. à b. puis de c. à d. ; et parallèlement de 1. à 2. puis de 3. à 4. ?

Plus généralement encore, il est légitime de se demander si les présupposés de l’action précèdent ou suivent ceux de la pensée. Car qui est originellement le premier, est-ce l’action ou  la pensée ?

 






[1] Alain de Libéra « L'invention du sujet moderne », cours au Collège de France du 10 avril 2014
[2] Recherches logiques. La pensée in Ecrits logiques et philosophiques, Paris, Seuil, 1971, p 184

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