samedi 2 juillet 2016

Les racines du sujet pensant en philosophie.

Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales donne quatre acceptions au terme subjectif(ve) :
1)  Pour la philosophie: qui est propre à un sujet déterminé, qui ne vaut que pour lui. Synon. Individuel, personnel.
2)  Pour la psychologie: A. qui ne correspond pas à une réalité, à un objet extérieur, mais à une disposition particulière du sujet qui perçoit. Synon. Apparent, illusoire. B. qui relève de l'expérience interne, qui ne concerne que le seul sujet pensant.
3)  Pour la médecine: qui est éprouvé par le sujet et n'est pas observable de l'extérieur. Exemple symptôme subjectif. Symptôme qui n'est perceptible que par le malade.
4)  Pour l'usage commun ( ... ) qui appartient ou dépend de la vie psychique d'un individu ou d'une disposition du sujet qui perçoit ( ... ) etc.
Par cette lecture, nous voyons que son usage en est très large, alors d'un point de vue « archéologique» se pose la question de savoir comment ce terme est-il entré en philosophie?

Schématiquement, selon Foucault, la question du sujet serait antérieure (16ème siècle) à celle de l'homme (fin 18ème, début 19ème) or de notre côté nous avions suggéré à mots couverts (article du 10 juin 2016) que la question de la subjectivité ne pouvait pas être antérieure à celle de l'homme car la subjectivité et l'anthropologie trouvent leur origine chez Kant.

Par ailleurs nous avons vu que la notion de sujet (passif et réceptif chez Aristote) « hupokeimenon » s'oppose à la notion d'agent. Le sujet est tant la matière d'une forme [sujet indéterminé] que l'ousia (essence) [sujet déterminé]; c'est-à-dire qu'il est sujet à des affects et des passions, que finalement
sujet logique [sujet d'énoncé], c'est-à-dire sujet à qui l'on attribue des qualités, autrement dit qui est porteur de signes distinctifs (blanc, grand, puissant etc.). D'où l'idée chez Augustin que l'âme n'est pas un sujet.

Ensuite avec les commentateurs hellénisants d'Aristote s'installe la distinction entre le sujet d'inhérence (= sujet ontologique) et/ou sujet d'attribution (= sujet logique) qui n'est rien moins qu'une manière de réduire les trois énoncés précédents à deux seulement.


Cette distinction sera reprise par la scolastique médiévale (Jean de Damas, Alcuin, Guillaume d'Ockham). 

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