jeudi 30 juin 2016

Kant et la subjectivité

Kant a introduit la subjectivité en philosophie. En atteste le Trésor de la langue française informatisé du CNRS. Quant au sens qu'il faut lui donner, Charles François Dominique Villers (1765-1815), donne une compréhension du mot très pertinente d'un point de vue philologique et philosophique à la p. 242 de son oeuvre intitulée « philosophie de Kant, ou Principes fondamentaux de la philosophie transcendentale.»:
« la plupart des physiciens et même des gens un peu instruits, ne doutent plus que quand on dit d'un objet, qu'il est rouge, ou vert, ou jaune, etc. ce rouge, ce vert, ce jaune n'existe en effet que dans l'œil du spectateur [aujourd'hui on dirait dans l'aire visuelle du cerveau, N.D.R.] ; ils sont convaincus de la subjectivité et de l'idéalité des couleurs, aussi bien que de celle des sons, des odeurs, etc. »
Ici, le mot subjectivité doit être entendu dans le sens d'idéalité, c'est-à-dire que les couleurs ou encore les qualités ont le statut d'idées, [l'idée étant elle-même une représentation mentale] et non celui de chose réelle en-soi. L'idéalité s'oppose à l'effectivité.
En outre, la subjectivité va de pair avec ce que Kant nomme « l'a priori» de l'espace et du temps qui ne sont pas des propriétés des objets et des choses mais celles du sujet même; ou comme le dit monsieur de Villers,  les temps et l'espace « sont les deux formes originaires et virtuelles de notre sensibilité »[1]. Pour qu'il y ait perception il faut donc un prérequis subjectif d'espace-temps où l'on peut placer des objets. Et d'ajouter :
« Sujet est la personne qui connaît, l'homme en tant qu'il connaît, qu'il juge. Ce nom de sujet se
donne par opposition à objet
».
La philosophie qui traite du sujet sera qualifiée de philosophie transcendentale par opposition à la philosophie qui s'occupe de l'objectivité des choses qui sera qualifiée de philosophie transcendante ou encore de système dogmatique.
Ainsi la philosophie transcendentale n'étudie les objets que dans la mesure où ils sont perçus par un
sujet car la relation sujet-objet s'impose dans tous les cas, autrement dit il y a quelque chose de nous
dans la connaissance des objets.

_ ~





[1] De Villers« Philosophie de Kant ... », Metz 1801. P.277-278

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