Si Sénèque utilise la figure paternelle de Dieu, Epictète dans le livre I des Entretiens se contente de comparer l'Etre Suprême à un maître de gymnase qui forme des champions aux jeux olympiques.
Dans l'un comme dans l'autre cas, l'idée est la même : entraîner les gens de bien à affronter les plus rudes adversaires (les méchants étant discriminés c'est-à-dire exclus de la "probatio").
Mais cette discrimination prend ici la forme d'un éclaireur de la souffrance, autrement dit la figure d'une personne de bien naturellement exceptionnelle, forte et vertueuse envoyée au-devant de l'infortune, du malheur et des plus grands dangers au lieu de végéter parmi les hommes ordinaires. Puis l'oeuvre accomplie, elle revient dans la cité pour dédramatiser les risques des épreuves qu'elle a surmontés et enseigner à d'autres comment vaincre le péril. C'est la figure du cynique ou du philosophe éclaireur.
Alors si l'on peut vaincre les maux, ce n'en sont plus, au contraire ils se révèlent être des biens utiles et profitables pour la formation de soi. Par exemple, être insulté, c'est être instruit.
Le Stoïcisme affirme cette thèse vigoureusement : "quoi qu'il arrive de douloureux, chaque souffrance fait partie de l'ordre du monde et si elle me paraît individuellement un mal, elle est globalement un bien car elle fait partie d'un plan divin".
Notre jugement nous égare mais l'analyse du sujet rationnel est à même de contempler cet ordre en tant que tel et de relativiser le mal qui ontologiquement est un bien.
A ce postulat général du Stoïcisme, Epictète ajoute que le mal se transfigure aussi d'un point de vue individuel car l'épreuve vécue n'est pas seulement bonne rationnellement mais elle est également positive pour nous car, dans l'exemple de l'insulte, elle est aussi instructrice (de maîtrise de soi n.d.r.)
Au XVIIème siècle, René Descartes, assimila le terme « être » au terme « pensée ». Mais ce qu'il ne dit pas est que cette pensée-là n'a jamais été neutre. Elle construit toutes les identités humaines qui s’opposent violemment les unes aux autres. Aussi, bien longtemps après l’auteur du Discours de la méthode, ce blog a pour but,dans une perspective eudémoniste, d'analyser, de commenter ou de critiquer le potentiel effroyable de l'être pensant, c'est-à-dire de l'ego d'homo sapiens/demens.
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