Régime général des épreuves (meletê/meletan/gumnazein)
Le mot "meletan" en grec ancien désigne en général toutes sortes d'activités réelles même parfois de type agricole, et plus spécifiquement en rhétorique une improvisation préparatoire à l'expression libre.
Le mot "meletan" en grec ancien désigne en général toutes sortes d'activités réelles même parfois de type agricole, et plus spécifiquement en rhétorique une improvisation préparatoire à l'expression libre.
Or chez les philosophes grecs l'activité réelle de soi sur soi fut proche de la "meletê" des rhétoriciens, autrement dit elle reposait sur une pratique de l'esprit. En latin "meletê"se traduit par "méditatio".
Quant au terme "gumnazein" il se réfère à
l'exercice ou à l'entraînement par exemple à la gymnastique en mettant plus l'accent sur la pratique réelle (concrète, n.d.r.).
Pourtant ces deux termes, dont l'usage semble être quand même distinct,
est parfois utilisé de manière synonymique notamment chez Plutarque.
Cela n'empêche pas Epictète de bien faire la différence : "meletan"
c'est méditer, s'exercer par la pensée, "graphein", écrire ces
pensées et "gumnazein", les mettre à l'épreuve de la réalité.
Pour comprendre l'usage variable des mots, rappelons que les exercices spirituels étaient libres,
polymorphes et ne s'apparentaient pas à
une règle rigide, aussi la distinction terminologique était donc forcément
arbitraire du point de vue philosophique.
Régime spécifique des abstinences (gumnazein).
Musonius Rufus dit dans le "peri askêsos" que
le corps ne doit pas être négligé dans l'ascèse car la vertu passe < aussi > par l'instrument du soma.
Il y a les exercices du corps, ceux de l'âme et enfin ceux
de l'âme et du corps simultanément.
Il ne reste rien du traité au sujet des exercices du corps,
néanmoins il s’exprime clairement à propos des pratiques de l'âme et du corps
en ce qu'elles doivent favoriser premièrement le courage (andreia), la
résistance aux événements et aux malheurs; et deuxièmement renforcer la
modération ou le contrôle de soi (sôphrosunê).
Si Platon promouvait déjà ces deux vertus, il ne leur donnait pas du tout le même
sens. Chez ce dernier le courage est une vertu athlétique de lutteur, et la
maîtrise de soi passe également par la gymnastique avec son cortège de privations.
Or chez Musonius la gymnastique disparaît totalement du propos, seule la
culture de la patience, de l'endurance et de l'abstinence subsiste.
Chez Sénèque (lettres 8 et 15): on se moque carrément de la gymnastique,
activité vaine épuisant l'esprit. Pour lui il faut que le corps ne gêne pas
l'âme et préconise donc des exercices légers (par exemple sautiller le matin,
boire peu, être frugal, dormir à la dur - mais pas trop longtemps -, etc). La
mauvaise santé est centrale dans sa réflexion, il faut prioritairement
entretenir le corps contre ses faiblesses pour le maintenir aptes aux épreuves
de la vie. C'est un genre de vie, une "forma vitae" qui n'accorde au
corps que le strict nécessaire parfois avec rudesse mais sans jamais dépasser les limites sanitaires.
Distinctions entre épreuves et abstinences.
L'épreuve est positive (travail auto-réflexif), elle passe par une interrogation sur soi, ses ressources, de ses progrès avec à la clé un échec possible car l'épreuve est par nature la réalisation de quelque chose (cf Epictète : son pacte-épreuve mensuel contre la colère) tandis que l'abstinence est fondamentalement négative (= privation volontaire).
L'épreuve est non seulement auto-réflexive mais elle est aussi double comprenant un aller-retour de la pensée au réel et du réel à la pensée. Toutes épreuves impliquent un feedback.
Exemples stoïciens :
1) il faut vérifier que l'on ne lutte pas contre le désir sexuel avec son cortège de frustrations mais qu'on est arrivé à le domestiquer ou plutôt à le déraciner sans éprouver un manque;
2) il faut se débaraser par l'exercice de la pensée du la diakhousis (épanchement de l'âme). Si mon enfant meure demain en souffrirais-je ? Si oui, alors il faut se répéter "demain il mourra"
L'épreuve exige en permanence chez les Stoïciens un comportement éclairé et conscient face à la vie en général car c'est l'existence tout entière qui est éprouvée et non pas tel ou tel moment. Alors que chez ces mêmes Stoïciens l'abstinence est ponctuelle et permet de parfaire une forme de vie souhaitée ("forma vitae").
Distinctions entre épreuves et abstinences.
L'épreuve est positive (travail auto-réflexif), elle passe par une interrogation sur soi, ses ressources, de ses progrès avec à la clé un échec possible car l'épreuve est par nature la réalisation de quelque chose (cf Epictète : son pacte-épreuve mensuel contre la colère) tandis que l'abstinence est fondamentalement négative (= privation volontaire).
L'épreuve est non seulement auto-réflexive mais elle est aussi double comprenant un aller-retour de la pensée au réel et du réel à la pensée. Toutes épreuves impliquent un feedback.
Exemples stoïciens :
1) il faut vérifier que l'on ne lutte pas contre le désir sexuel avec son cortège de frustrations mais qu'on est arrivé à le domestiquer ou plutôt à le déraciner sans éprouver un manque;
2) il faut se débaraser par l'exercice de la pensée du la diakhousis (épanchement de l'âme). Si mon enfant meure demain en souffrirais-je ? Si oui, alors il faut se répéter "demain il mourra"
L'épreuve exige en permanence chez les Stoïciens un comportement éclairé et conscient face à la vie en général car c'est l'existence tout entière qui est éprouvée et non pas tel ou tel moment. Alors que chez ces mêmes Stoïciens l'abstinence est ponctuelle et permet de parfaire une forme de vie souhaitée ("forma vitae").
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