mardi 13 octobre 2015

Galien : Traité des passions de l'âme

Avec ce texte, nous ne sommes plus en présence d'une théorie comme chez Philodème.

Ici l'idée est que si les maladies du corps provoquent des symptômes clairs, les passions de l'âme passent totalement inaperçues car on s'illusionne sur soi-même en s'aimant trop (amor sui).

Par conséquent, le sujet est inapte à se juger lui-même et doit trouver en autrui un référent ni indulgent, ni hostile.

Galien dit qu'il faut être aux aguets de cet autre, le tester et vérifier son attitude dans la vie et son comportement à l'égard des puissants afin de s'assurer qu'il est bien un non-flatteur.

Vérifications faites, on s'adresse à cet inconnu en entamant une conversation avec lui pour demander s'il a trouvé des passions en nous.

Plusieurs hypothèses se présentent.

Soit il y en a et alors la cure commence.

Soit pour diverses raisons, bonnes ou mauvaises, le maître n'en trouve pas, et dans cette éventualité alors  il faut s'obstiner, le presser de questions, voire s'adresser à une tierce personne pour mesurer l'intérêt qu'il nous porte en tant que directeur de conscience.

Soit encore nous pensons qu'il se trompe sur notre compte en commentant une erreur de jugement : nous ne nous connaîtrions pas telle ou telle passion!

Dans ce cas il faut quand même lui en être reconnaissant car ma foi il pourrait peut-être avoir raison et en tout état de cause il nous oblige à être plus vigilent et à mieux nous examiner.

Mais finalement si le reproche s'avère vraiment injuste, eh bien étonnamment soyons encore reconnaissant de nous avoir exercé à supporter l'injustice et à nous avoir armé contre elle car nous aurons à la rencontrer tout au long de notre vie. Cette originalité pour l'époque jugeant des effets bénéfiques pour le dirigé d'avoir un directeur injuste sera développée ultérieurement dans le Christianisme.

Chez Galien comme chez les chrétiens, la thèse de la nécessité d'avoir un directeur est structurelle (et non circonstancielle n.d.r.) car rien n'est envisageable sans  altérité. Sans l'aide de l'autre, il est impossible de se conduire convenablement.

En outre, Galien estime que le directeur n'est pas un technicien de l'âme (comme médecin il utilise la métaphore de la maladie ou du pathos). Ce dernier doit être un homme de bonnes qualités morales (vertueux?) :


  1. élément fondamental, le dirigé doit tester sa franchise, sa parrhêsia (chez les Chrétiens c'est l'inverse c'est le dirigé qui doit être franc);
  2. le maître doit être un homme âgé qui aura, durant sa vie fait la démonstration d'être une personne de bien;
  3. enfin, ce doit être un inconnu neutre, ni indulgent, ni sévère. Sont exclues les relations amoureuses comme chez Platon ou l'amitié comme chez Sénèque.



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