mardi 22 septembre 2015

L'acte de naissance du moi moderne

Entre le 3ème et le 4ème siècle de notre ère, la représentation de la personne va être profondément révolutionnée dans le sillage de la tradition païenne du souci et de l’expérience de soi, mais aussi de la relation au divin.

Du point de vue de l’intériorité du moi - comme conscience de soi - cette transformation apparaît concomitamment aux évolutions sociales, religieuses et spirituelles.

L’ancien statut de parité des hommes égaux entre eux et égaux face aux dieux disparaît. Le pouvoir spirituel chargé d’assurer le lien entre le ciel et la terre va être progressivement transféré à des individus exceptionnels à le recherche de leur véritable moi divin. On citera  le saint, l’ascète, l’anachorète ou l’homme de dieu.

Ces derniers accordent beaucoup d’efforts à l’introspection impitoyable des volitions et du libre arbitre (qui doivent devenir transparents à la présence divine) et à la conscience de soi. Beaucoup d’efforts bien sûr au point de créer une nouvelle forme d’identité formée à partir de l’imaginaire, des pensées, et des pulsions (tentations) les plus intimes.

A partir de cette rupture dans la continuité, nous obtenons l’acte de naissance de l’individu moderne possesseur d’un pouvoir spirituel reconnu sur terre et qualifiés pour être missionné auprès du divin mais sans être un renonçant comme en Inde.

En témoigne Saint Augustin qui nous parle de l’abîme de la conscience humaine, de sa vie changeante multiforme et d’une immensité prodigieuse.

Selon Pierre Hadot « (…) 4 siècles auront été nécessaire pour que le Christianisme atteigne cette conscience du moi ».[1]  

Par ailleurs, Il n’y a pas fuite du monde, bien au contraire, cette recherche du surnaturel va déboucher sur la création d’institutions nouvelles ou réformées. L’homme vu par Saint Augustin s’éloigne du principe d’égalité mais il est encore très loin de la hiérarchie de type indienne.  



[1] Pierre Hadot, « De Tertullien à Boèce, Le développement de la notion de la personne dans les controverses théologiques », Problèmes de la personne, sous la direction de I. Meyerson, Paris et La Haye, 1973, pp.133-134

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