Entre le 3ème et le 4ème siècle de notre ère, la représentation
de la personne va être profondément révolutionnée dans le sillage de la
tradition païenne du souci et de l’expérience de soi, mais aussi de la relation
au divin.
Du point de vue de l’intériorité du moi - comme conscience
de soi - cette transformation apparaît concomitamment aux évolutions sociales,
religieuses et spirituelles.
L’ancien statut de parité des hommes égaux entre eux et égaux
face aux dieux disparaît. Le pouvoir spirituel chargé d’assurer le lien entre
le ciel et la terre va être progressivement transféré à des individus
exceptionnels à le recherche de leur véritable moi divin. On citera le saint, l’ascète, l’anachorète ou l’homme de
dieu.
Ces derniers accordent beaucoup d’efforts à l’introspection
impitoyable des volitions et du libre arbitre (qui doivent devenir transparents
à la présence divine) et à la conscience de soi. Beaucoup d’efforts bien sûr au
point de créer une nouvelle forme d’identité formée à partir de l’imaginaire, des
pensées, et des pulsions (tentations) les plus intimes.
A partir de cette rupture dans la continuité, nous obtenons
l’acte de naissance de l’individu moderne possesseur d’un pouvoir spirituel reconnu
sur terre et qualifiés pour être missionné auprès du divin mais sans être un
renonçant comme en Inde.
En témoigne Saint Augustin qui nous parle de l’abîme de la
conscience humaine, de sa vie changeante multiforme et d’une immensité prodigieuse.
Selon Pierre Hadot « (…) 4 siècles auront été
nécessaire pour que le Christianisme atteigne cette conscience du moi ».[1]
Par ailleurs, Il n’y a pas fuite du monde, bien au
contraire, cette recherche du surnaturel va déboucher sur la création
d’institutions nouvelles ou réformées. L’homme vu par Saint Augustin s’éloigne
du principe d’égalité mais il est encore très loin de la hiérarchie de type
indienne.
[1] Pierre
Hadot, « De Tertullien à Boèce, Le développement de la notion de la
personne dans les controverses théologiques », Problèmes de la personne,
sous la direction de I. Meyerson, Paris et La Haye, 1973, pp.133-134
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