Louis Dumont a réalisé des recherches sur la notion d’individu dans les sociétés traditionnelles et ce à partir du contexte de la société indienne. Ainsi, le modèle authentique de l'individu serait le renonçant sorti de la vie
sociale, forme prototype d'être à l'opposé de qui la notion d'homme individuel moderne actualisant sa personnalité à l’intérieur du monde social lui serait étrangère. Pourtant ce dernier dériverait malgré tout du renonçant - excluant le lien social - car, selon le chercheur, on serait historiquement
confrontés, comme par un effet boomerang, à des modèles extra mondains d’hommes solitaires contaminant en
quelque sorte les structures de la
société dont ils sont sortis.
Partant de ces travaux, Jean-Pierre Vernant a tenté de valider cette
thèse de l'individu dans la société et de l'individu hors de la société en la confrontant non pas aux sociétés hiérarchiques et de castes
sociales comme l’Inde mais à la Grèce archaïque et classique du 8ème
au 4ème siècle.
Or tout de suite deux remarques s’imposent :
- Le polythéisme grec est une forme de culte social, sans caste sacerdotale où chacun peut procéder aux sacrifices, et où il n’y a pas de place pour un renonçant. D’autre part, la société grecque n’est pas non plus de type hiérarchique mais de type égalitaire horizontal sans caste ni guerrière, ni religieuse. Ainsi celui qui ne fait pas partie du groupe est un esclave ou est hors de l’humanité.
- La notion d’individu dans une perspective d’anthropologie historique doit selon J-P Vernant s’interpréter à trois niveaux
-
L’individu stricto sensu dans la société (place,
rôle, valeur, autonomie) ;
-
Le sujet c’est-à-dire celui qui parle en son nom
propre ;
-
Le moi de la personne, soit l’ensemble des
pratiques et traits psychologiques unifiant la personne et lui donnant une
intériorité singulière et originale que l’on définit comme conscience de
soi-même.
Ce sont ces trois niveaux d’interprétation que nous allons
examiner dans les prochains articles sur l’individu en Grèce archaïque et
classique.
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