C'est l'âge d'or pour le souci de soi. Or à cette époque les
3 conditions posées dans l'Alcibiade[1]
ont disparu. Désormais on s'intéresse à soi
pour soi-même sans considération pour la cité et sans différence de classe. Et
l'intérêt passe par des exercices appliqués (se connaître, conversion du
regard, se recueillir, se retourner vers soi, s'établir dans la citadelle
intérieure, se soigner etc.). La pratique de soi devient un art de vivre (en grec : tekhnê tou biou).
Si pour les athéniens le souci de soi nait d'un déficit
pédagogique durant la période de transition de l'adolescence vers l'âge adulte,
au 1er et 2ème siècle cette préoccupation s'est étendue à toute la vie. Exemple
: l'Ecole d'Epictète où pouvait se croiser des jeunes gens et des adultes.
Le centre de gravité, du souci de l'âme se déplace vers la
maturité et a des conséquences : la philosophie deviendra autant correctrice,
critique et libératrice des défauts qu'éducatrice de l'ignorance. Chez les cyniques
apprendre les vertus, c'est désapprendre les vices. Elle sera comme un système
d'assurance contre les déboires de la vie.
Conséquences.
a) Retournement du système des valeurs.
D'une manière générale, on considère que le ver est dans le
fruit très jeune c'est ce qu'exprime les Tusculanes de Cicéron où l'on tète
l'erreur avec le lait de la nourrice. L'enfance et la jeunesse sont soumises à
« l'idéologie familiale ». La critique va jusqu'à celle des pédagogues et des
rhéteurs «ornementalistes».
b) Rapprochement de la pratique de soi et de la médecine.
Le pathos c'est la passion mais la passion comme maladie à
soigner et ses symptômes sont évolutifs: l'euemptôsa (prodrômes), pathos
(latin: pertubatio ou affectus), puis noêma et l'arrôstêma (maladie chronique)
et enfin kakia (le vice)
c) Les écoles de philosophie deviennent des dispensaires de
l'âme.
[1] Rappel de ces trois conditions: 1) objet
[connaissance de soi], 2) condition matérielle aristocratique [soins de soi], 3)
fin [gouvernance d'autrui])
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