dimanche 5 avril 2015

Lettre ouverture à l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan

Voici ce que j'ai retenu d'une de vos interventions sur YouTube. Sauf erreur de ma part tout ce que vous lirez ci-après est le reflet de votre connaissance mais aussi de votre croyance et de ce que vous appelez votre pari. Comme beaucoup de gens, j'aimerais certainement partager votre optimisme malheureusement tout indique que l'humanité est embarquée dans un processus suicidaire. Peut-être avez-vous raison de dire que l'homme est une étape, mais alors le principe anthropique n'est-il pas déjà dépassé et donc vers quoi l'univers se dirige-t-il dans sa marche vers une plus grande conscience ? Bien entendu vous vous êtes sans aucun doute déjà exprimé sur ce point, toutefois je n'ai pas connaissance de l'ensemble de votre discours, aussi j'aimerais mieux le connaître.  Pour l'heure je me contente de ce qui suit. 

Principe anthropique (l’univers tend vers l’homme) 

Avant le Big-Bang, l’univers est apparu il y a environ 14 milliards d’années d’un vide quantique très petit [10 -33 cm] et très chaud  rempli d’énergie qui allait propulser l’expansion de l’espace et  engendrer la matière par son refroidissement progressif. Les conditions initiales (quantité de matière noire, d’énergie noire, taux d’expansion…) autrement dit sa densité initiale était comme telle d’une absolument nécessité car mathématiquement les probabilités que notre monde soit comme il est devenu en 14 milliards d’années est de l’ordre de 1 sur 10 60possibilités. Cette combinaison gagnante doit être précise jusqu’à la 60ème décimale incluse et ce afin que l’univers devint ce qu’il est aujourd’hui. Si ce réglage initial avait été un tant soit peu différent rien de ce que nous connaissons actuellement n’aurait été possible, ni espace, ni temps, ni astre, ni planète, ni vie, ni conscience etc.  L’univers eut été vide et stérile.  
Notre espace-temps dépend de ces conditions initiales mais aussi des propriétés de l’univers c’est-à-dire des 15 constantes invariables que sont la pesanteur, la vitesse de la lumière, la masse du proton, la masse des électrons, la constante de Planck etc.
A l’instar des conditions initiales très précises, les propriétés de l’univers devaient avoir exactement  la valeur que nous leur connaissons actuellement, car dans l’hypothèse où l’on simule une variation quelconque de ces dernières, par exemple de la pesanteur,  la taille de l’homme eu été très différente voire son existence compromise.
Concrètement, dans les 3 premières minutes qui ont suivi le Big-Bang seuls l’hydrogène et l’hélium sont apparus,  ce sont les éléments les plus légers et les plus communs de la table périodique des éléments or tous autres atomes plus complexes n’ont pu se former à partir d’eux sans  fusion nucléaire au cœur des étoiles (jusqu’au fer) ou au cœur des supernovas (argent, or, uranium….).
Est-ce à dire qu’il y a un principe créateur ?
Trinh Xuan Thuan aime utiliser l’expression de Jacques Mono : est-ce dû au « hasard ou à la nécessité ? ».
En fait la science permet les deux hypothèses : hasard et nécessité.
En cas de hasard pour que notre univers soit devenu comme nous le connaissons il faut postuler un multivers ou de nombreux univers parallèles à l’échelle de la probabilité 10 60 (exemple la théorie des cordes).  De cette manière il est certain que la combinaison gagnante aura la certitude d’apparaître.  Pourtant, il faut reconnaître que la science ne peut pas vérifier expérimentalement un multivers  or toute théorie scientifique doit être vérifiable. Dans ce cas nous serions plutôt passés dans le domaine de la métaphysique.
En cas de nécessité pas besoin d’un multivers mais au contraire il faut postuler un univers unique mais aussi un principe créateur, bien entendu pas un dieu barbu ce serait plutôt une nature créatrice au sens panthéiste de Spinoza, principe suffisamment simple pour expliquer la complexité actuelle du monde (cf. le rasoir d’Ockham). Cette création unique est le postulat (pari) de Trinh Xuan Thuan
Pour autant, la simplicité n’est pas sa seule motivation, il y a aussi la beauté et l’harmonie du Cosmos (lois physiques et matière identique partout dans l’espace) dont il est difficile de penser que tout cela n’a pas de sens. Il y a enfin le fait que plus les connaissances physiques progressent plus elles tendent vers l’unité (ex : Newton : la gravité est la même pour n’importe quel objet pomme ou galaxie. Maxwel : unification des forces électrique et magnétique. Einstein : unité de l’espace/temps …).
Par ailleurs, ce pari d’un univers unique et le principe anthropique posent la question du déterminisme : l’homme est-il l’aboutissement de l’histoire ?

La réponse de  Trinh Xuan Thuan est un peu confuse, il admet que l’homme est une étape mais laquelle ? Va-t-il disparaître au profit d’une nouvelle espèce ou va-t-il au nom de sa transformation former une nouvelle humanité plus empathique, plus respectueuse de son environnement. Car s’il y a une loi anthropique il en existe également une autre qui est celle de l’extinction périodique des espèces. Si les dinosaures pouvaient se croire à l’abri de tous les prédateurs ils n’en n’ont pour autant pas survécu à une météorite tombée il y a 65 millions d’années dans le Golfe du Mexique. Il est donc légitime de se poser la question de savoir comment l’humanité disparaitra ?    

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