Chapitre 1
Comment agir sur l'esprit des juges.
Comme la rhétorique a pour objet un jugement (au sens large) le discours doit être démonstratif. Par ailleurs il faut se montrer sous un
certain jour c'est-à-dire avoir du bon sens, de la vertu et de la bienveillance, tous éléments propres à l'expression
d'une opinion saine, mais encore il faut mettre le juge dans certaines dispositions [d'esprit].
A cet égard, la bienveillance et l'amitié sont directement en lien avec les passions [de l'auditoire ou du juge] qui influencent leurs jugements. Il y a 3 points de vue sur les passions : qui l'éprouve (sujet), pourquoi (motif) et envers qui elle s'exprime.
Chapitre 2
De la colère
Elle est un désir pénible de se venger d'une marque de
mépris (dédain, vexation et outrage) à l'égard
de soi-même ou d'un des nôtres. Elle est orientée vers une personne et, dans l'attente de la
vengeance possible, s'accompagne de plaisir. Elle est provoquée par une peine (ex manque d'égard, ingratitude) ou par une entrave (empêchements de toute nature). Quand la colère est mal fondée l'irritation en est d'autant plus forte. Sont visés plutôt des amis que des indifférents, des obligés, des inférieurs, des déconsidérés, des insensibles, des ingrats, des dénigreurs, des ironiques, des injustes (à notre égard) etc. Le but du discours est d'inspirer le sentiment de colère aux auditeurs.
de soi-même ou d'un des nôtres. Elle est orientée vers une personne et, dans l'attente de la
vengeance possible, s'accompagne de plaisir. Elle est provoquée par une peine (ex manque d'égard, ingratitude) ou par une entrave (empêchements de toute nature). Quand la colère est mal fondée l'irritation en est d'autant plus forte. Sont visés plutôt des amis que des indifférents, des obligés, des inférieurs, des déconsidérés, des insensibles, des ingrats, des dénigreurs, des ironiques, des injustes (à notre égard) etc. Le but du discours est d'inspirer le sentiment de colère aux auditeurs.
Chapitre 3
A propos du calme
Il se définit comme l'état normal et l'apaisement de la
colère. Ne provoquent pas d'irritation et ne témoignent pas de mépris: ceux qui
agissent apparemment de manière involontaire, ceux qui se repentent, qui s'humilient et ne nous
contredisent pas, ceux qui agissent sérieusement, ceux que l'on craint et
révère, les bienfaiteurs, les personnes déférentes, les coléreux. En général il n'y a pas de colère dans les
moments de joie et d'espoir, mais aussi si notre action malveillante n'est pas connue, si
l'on pense être coupable, après la condamnation du coupable, après avoir exercé
sa vengeance ou contre les morts.
On utile ces lieux pour inspirer son auditoire.
Chapitre 4
De l'amour (amitié) et de la haine
L'amitié est motivée par la reconnaissance ou un
service désintéressé.
Aimer c'est en puissance vouloir le bien d'un ami
c'est-à-dire de celui à qui et de qui l'on a de l'affection, et vis-à-vis de
qui l'on éprouve des joies et des peines. Sont amis ceux qui partagent les
mêmes maux et les mêmes biens; ceux qui nous rendent service, ne font pas de
reproche, font notre éloge, sont sans rancune, ne médisent pas, mais aussi les
amis de nos amis, ceux qui ont les mêmes ennemis, les personnes de bonne
réputation, généreuses, calmes, justes, agréables et vertueuses, sans artifice,
qui s'occupent de nous, les gens d'esprit et de goût, les admirateurs, nos
pareils (semblables), ceux qui ont les mêmes désirs, ceux devant qui nous
n'avons pas à rougir et l'inverse, ceux qui nous motivent et que nous motivons,
ceux d'une affection constante.
La haine est motivée par la colère, la vexation et la
médisance. Elle se distingue de la colère qui est personnelle en ce qu'elle peut
toucher des groupes entiers, l'une est curable l'autre non; l'une provoque le
chagrin l'autre du tort; l'une est peinant l'autre pas; l'une est flexible
l'autre inflexible.
Chapitre 5
De la crainte
Elle est une peine, un effroi ou un trouble provoqué par
l'attente d'un mal désastreux ou affligeant imminent capable de détruire ou de
causer des dommages. Sa cause peut être la colère d'autrui, l'inimitié, l'injustice, la vertu outragée,
être à la merci d'autrui, la compétition. Sont à craindre les gens plus
puissants que nous, mais également les moins puissants dans la mesure où ils se
fortifient. Ceux à qui nous avons fait subir un préjudice, les gens pervers,
nos ennemis et rivaux, les fourbes ou ceux sachant cacher leurs sentiments. Le
crainte est plus intense dans la mesure où nous n'avons pas les moyens de
réparer la faute commise ou dont le mal est sans remède ou difficile.
La crainte n'existe pas si nous pensons être à l'abri
du péril car prospères (arrogants, dédaigneux et téméraires) ou avoir déjà subi toutes les
épreuves.
L'assurance est le contraire de la crainte
c'est-à-dire un espoir que le salut est à notre portée ou bien que le péril
s'éloigne ou n'existe plus. Sont dans ce cas ceux qui ont des amis puissants,
pas de compétiteurs, ceux qui ont souvent échapper au danger, si le dessein des
dieux nous est favorable etc.
Chapitre 6
De la honte
La honte est le contraire de l'impudence, elle est une
peine, ou trouble, provoqué par une chose fâcheuse ancienne, présente ou à
venir que l'on qualifie de réprouvable, déshonorante, outrageante, molle, basse
et petite d'esprit, incontinente, laide, ignominieuse, vicieuse, vénale,
anormalement flatteuse, avaricieuse, manquant au devoir de secours, manquant
d'instruction ou qui donne une mauvaise opinion de nous.
La honte n'existe pas à l'égard des gens que nous
dédaignons ou à l'égard des animaux, elle se rapporte à l'opinion des gens
sensés que l'on considère et admire ou dont on veut être considéré et admiré.
Ces derniers sont des proches et ceux qui nous regardent ou ne commettent pas
les mêmes fautes que nous, les intolérants, les colporteurs et les médisants,
les moqueurs, ceux qui veulent être nos amis, nos anciennes relations. Ou bien
devant les personnes qui nous rappellent ces gens-là (ex serviteur). La honte
touche également à la simple vue des choses précédemment énoncées (« rien
qu'à en parler »), lorsque que l'on a perdu un statut enviable, si nos proches
se conduisent mal, si nos affaires sont fâcheuses et nos ancêtres déconsidérés.
La honte touche plus encore ceux qui doivent être condamnés [ou dont les actes
doivent être connus de tous].
Chapitre 7
De la faveur
Arguments pour
La faveur d'une personne à une autre est une
gratification désintéressée d'un bien. Elle est plus ou moins importante: si la
faveur porte sur un bien considérable et difficile à obtenir, si elle est
accordée dans des circonstances graves et délicates, si le donateur est le
seul, le principal ou le premier à agir et enfin en fonction du niveau de
besoin c'est-à-dire des d'appétits normaux et des appétits dus à une privation
du gratifié.
Arguments contre
La gratification était intéressée ou l'effet du hasard
ou rendue sous la contrainte ou encore un échange de bon procédés.
Critères pour départager le pour et le contre
La faveur est-elle suffisante? Est-elle sciemment un
bon service? A-t-on fait la même chose pour ses ennemis (= désintérêt) ?
Chapitre 8
De la pitié
Elle est un chagrin au vu du malheur immérité d'autrui
(affliction, douleurs et destruction) qui pourrait éventuellement également
nous toucher ou toucher nos proches. Elle n'émeut ni les désespérés, ni ceux au
comble de la félicité mais ceux qui y sont naturellement portés, sont ceux qui
ont été épargnés par le malheur, les vieillards, les faibles, les lâches et les
personnes cultivées, ceux qui ont une famille ou ceux qui ne sont pas pris par
la colère, la témérité et l'arrogance.
La pitié est suscitée par la destruction ou la perte
d'un bien (la mort, la flagellation, les infirmités, la vieillesse, la maladie,
la faim, n'avoir pas ou peu d'amis) ou par la survenance d’un bien
concomitamment à un malheur.
Elle apparaît : lors d’événements récents ou par
une fiction qui nous rapproche de choses anciennes ou futures et enfin par les
signes commémoratifs (vêtements, discours etc.) de ceux qui ont souffert.
Qui inspire de la pitié? Nos relations pas trop
intimes (connaissances ?), les gens qui nous ressemblent et qui sont menacés
par un danger imminent.
.
Chapitre 9
De l'indignation
L'indignation suscitée par un succès immérité est le
principal opposé de la pitié. Elle n'est pas comparable à l'envie qui est une
réaction au succès d'un semblable. Le contraire des vertus ne provoque jamais
la pitié mais l'indignation, et cette dernière a un caractère moral tandis que
l'envie n'en a pas. Les richesses, le pouvoir et autres biens de la sorte
reviennent aux gens de biens qui ont des mérites (noblesses, beauté etc.), ils
ne suscitent pas d'indignation et plus ces mérites sont anciens plus ils
paraissent naturels donc légitimes. Tandis que ces mêmes biens aux mains de
gens récemment pourvus nous affligent. Toutefois, pour ne pas provoquer
l'indignation, bien qu'étant homme de biens, celui qui est gratifié doit l'être
de manière convenante c'est-à-dire adaptée: l'épée au brave, les brillants
mariages aux nobles etc. De même un inférieur ne doit pas lutter avec un
supérieur.
Quand peut apparaître l'indignation ?
1. Lorsque étant homme de biens et de valeur ou étant dans les dispositions
morales pour les obtenir l'on n'acquière pas selon son mérite les plus grands
biens;
2. On s'indigne contre ceux qui obtiennent certains avantages immérités que
l'on vise et ambitionne (ce que les caractères serviles sont incapable de
faire) ;
Mis dans de telles dispositions l'auditoire ou le juge
ne pourra être touché par la pitié
Chapitre 10
De l'envie
L'envie est une peine causée à la vue des intérêts
d'un semblable à qui revient de choses avantageuses.
Catégories d'envieux
1. Ceux qui font de grandes affaires car « tout leur appartient» ;
2. Ceux qui obtiennent de grandes distinctions;
3. Les ambitieux et ceux qui cherchent la renommée ou ceux qui affectent d'être
sage;
4. Les« petits esprits» ou ceux avec qui on est en rivalité pour les mêmes
biens ;
5. Ceux dont la distinction est un reproche pour nous;
6. Les vieillards à l'égard des jeunes;
7. L'homme peu efficace qui a obtenu un même résultat ou atteint le même
objectif (voire aucun objectif) avec plus de moyens qu'un autre.
Si l'auditoire est composé de ces gens, ils seront peu
enclins à la pitié vis-à-vis de personnes qui leur adresse une requête.
Chapitre 11
De l'émulation
Si l'envie est vile, l'émulation est honnête, elle est
la peine causée par des biens honorables (richesses, beauté, vertu, sagesse,
générosité, nombreuses relations etc) que nous aurions pu obtenir en tant que
gens de bien et que des gens de condition semblable ont acquis. Ce sont ces
biens qui excitent l'émulation.
Sont sujets d'émulation : les chefs d'armée, les
fonctionnaires (en tant qu'ils rendent des services), les orateurs, ceux dont
on recherche la société ou l'amitié, les personnes célébrées.
Sont objet de mépris ceux qui se trouvent dans des
situations contraires à ces dernières.
Chapitre 12
Des mœurs de la jeunesse
3 Définitions : 1) les passions sont la colère et tout ce
qui fait l’objet des précédents chapitres ; 2) habitudes : les vertus et les vices ; 3) âges : jeunesse, maturité et
vieillesse ; 3) fortune : le bonheur et le malheur (richesse/pauvreté,
faculté/inaptitude, etc.).
Les jeunes sont surtout portés au violent et éphémère
désir corporel de l’amour. Idem en violence pour leurs autres désirs, leur
volonté est intense mais sans force. Par amour propre, ils sont enclins à la
colère et ne se maîtrisent pas, aiment la supériorité (victoire)et dédaignent
la richesse. Ils ont un bon fond et sont souvent abusés, n’étant pas ou peu
encore éprouvés, l’espérance est en eux car l’avenir leur appartient. Ils sont
braves car colériques, retenus (polis ?), ont une grandeur d’âme, visent le
beau plutôt que l’utile, le moral plutôt que le calcul, portent plus que les
autres âges intérêt à l’amitié désintéressée. Leur fautes sont sans méchanceté
et sont dues à l’exagération, ils croient tout savoir et sont insolents mais
néanmoins enclin à la pitié. Enfin ils aiment rire.
Chapitre 13
Des mœurs de la vieillesse.
Elles sont le contraire de celles de la jeunesse (voir
ci-dessus) ; les vieux n'affirment rien avec assurance, d'expérience ils sont
malicieux et manquent de confiance car les choses humaines sont mauvaises ;
d'esprit étroit ils sont avares, timorés, peureux, ont un amour propre exagéré,
aiment la vie qui leur fait défaut, visent l'utile, le calcul et l'intérêt
plutôt que le beau, manquent de retenue ;peu enclin à l’espérance, ils vivent
dans le souvenir du passé qui les rend loquaces ; sont peu ou pas capables
d'éprouver du désir sauf à propos du profit d'où leur tempérance apparente. Ils
se plaignent toujours et n'aiment pas rire. Leur pitié est due à la faiblesse.
Chapitre 14
Des mœurs de la maturité.
Le caractère des adultes est entre celui des jeunes et
de vieux, ni trop audacieux, ni trop timoré. Leur jugement est situé entre la
défiance et la confiance, l'utile et le beau, la parcimonie et la prodigalité
ou la colère et le désir, il vise la vérité. Ils sont tempérants avec courage et
inversement. Ils équilibrent les qualités et les défauts des jeunes et des
vieux. La maturité du corps se situe entre 30 et 35 ans, celle de l'âme est à 49
ans.
Chapitre 15
Des mœurs des nobles
Ils sont amis de la gloire. La noblesse est un bien,
c'est l'honneur des ancêtres, la haute valeur de la race mais beaucoup d'entre
eux dégénèrent
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