lundi 30 mars 2015

ARISTOTE : RHETORIQUE LIVRE 2 (résumé) - première partie

Chapitre 1

Comment agir sur l'esprit des juges.

Comme la rhétorique a pour objet un jugement (au sens large) le discours doit être démonstratif. Par ailleurs il faut se montrer sous un certain jour c'est-à-dire avoir du bon sens, de la vertu et de la bienveillance, tous éléments propres à l'expression d'une opinion saine, mais encore il faut mettre le juge dans certaines dispositions [d'esprit].
A cet égard, la bienveillance et l'amitié sont directement en lien avec les passions [de l'auditoire ou du juge] qui influencent leurs jugements. Il y a 3 points de vue sur les passions : qui l'éprouve (sujet), pourquoi (motif) et envers qui elle s'exprime. 

Chapitre 2

De la colère

Elle est un désir pénible de se venger d'une marque de mépris (dédain, vexation et outrage) à l'égard
de soi-même ou d'un des nôtres
. Elle est orientée vers une personne et, dans l'attente de la
vengeance possible
, s'accompagne de plaisir. Elle est provoquée par une peine (ex manque d'égard, ingratitude) ou par une entrave (empêchements de toute nature). Quand la colère est mal fondée l'irritation en est d'autant plus forte. Sont visés plutôt des amis que des indifférents, des obligés, des inférieurs, des déconsidérés, des insensibles, des ingrats, des dénigreurs, des ironiques, des injustes (à notre égard) etc. Le but du discours est d'inspirer le sentiment de colère aux auditeurs.

Chapitre 3

A propos du calme

Il se définit comme l'état normal et l'apaisement de la colère. Ne provoquent pas d'irritation et ne témoignent pas de mépris: ceux qui agissent apparemment de manière involontaire, ceux qui se repentent, qui s'humilient et ne nous contredisent pas, ceux qui agissent sérieusement, ceux que l'on craint et révère, les bienfaiteurs, les personnes déférentes, les coléreux.  En général il n'y a pas de colère dans les moments de joie et d'espoir, mais aussi si notre action malveillante n'est pas connue, si l'on pense être coupable, après la condamnation du coupable, après avoir exercé sa vengeance ou contre les morts.
On utile ces lieux pour inspirer son auditoire.

Chapitre 4

De l'amour (amitié) et de la haine

L'amitié est motivée par la reconnaissance ou un service désintéressé.
Aimer c'est en puissance vouloir le bien d'un ami c'est-à-dire de celui à qui et de qui l'on a de l'affection, et vis-à-vis de qui l'on éprouve des joies et des peines. Sont amis ceux qui partagent les mêmes maux et les mêmes biens; ceux qui nous rendent service, ne font pas de reproche, font notre éloge, sont sans rancune, ne médisent pas, mais aussi les amis de nos amis, ceux qui ont les mêmes ennemis, les personnes de bonne réputation, généreuses, calmes, justes, agréables et vertueuses, sans artifice, qui s'occupent de nous, les gens d'esprit et de goût, les admirateurs, nos pareils (semblables), ceux qui ont les mêmes désirs, ceux devant qui nous n'avons pas à rougir et l'inverse, ceux qui nous motivent et que nous motivons, ceux d'une affection constante.
La haine est motivée par la colère, la vexation et la médisance. Elle se distingue de la colère qui est personnelle en ce qu'elle peut toucher des groupes entiers, l'une est curable l'autre non; l'une provoque le chagrin l'autre du tort; l'une est peinant l'autre pas; l'une est flexible l'autre inflexible.

Chapitre 5

De la crainte

Elle est une peine, un effroi ou un trouble provoqué par l'attente d'un mal désastreux ou affligeant imminent capable de détruire ou de causer des dommages. Sa cause peut être la colère d'autrui, l'inimitié, l'injustice, la vertu outragée, être à la merci d'autrui, la compétition. Sont à craindre les gens plus puissants que nous, mais également les moins puissants dans la mesure où ils se fortifient. Ceux à qui nous avons fait subir un préjudice, les gens pervers, nos ennemis et rivaux, les fourbes ou ceux sachant cacher leurs sentiments. Le crainte est plus intense dans la mesure où nous n'avons pas les moyens de réparer la faute commise ou dont le mal est sans remède ou difficile.
La crainte n'existe pas si nous pensons être à l'abri du péril car prospères (arrogants, dédaigneux et téméraires) ou avoir déjà subi toutes les épreuves.
L'assurance est le contraire de la crainte c'est-à-dire un espoir que le salut est à notre portée ou bien que le péril s'éloigne ou n'existe plus. Sont dans ce cas ceux qui ont des amis puissants, pas de compétiteurs, ceux qui ont souvent échapper au danger, si le dessein des dieux nous est favorable etc.

Chapitre 6

De la honte

La honte est le contraire de l'impudence, elle est une peine, ou trouble, provoqué par une chose fâcheuse ancienne, présente ou à venir que l'on qualifie de réprouvable, déshonorante, outrageante, molle, basse et petite d'esprit, incontinente, laide, ignominieuse, vicieuse, vénale, anormalement flatteuse, avaricieuse, manquant au devoir de secours, manquant d'instruction ou qui donne une mauvaise opinion de nous.
La honte n'existe pas à l'égard des gens que nous dédaignons ou à l'égard des animaux, elle se rapporte à l'opinion des gens sensés que l'on considère et admire ou dont on veut être considéré et admiré. Ces derniers sont des proches et ceux qui nous regardent ou ne commettent pas les mêmes fautes que nous, les intolérants, les colporteurs et les médisants, les moqueurs, ceux qui veulent être nos amis, nos anciennes relations. Ou bien devant les personnes qui nous rappellent ces gens-là (ex serviteur). La honte touche également à la simple vue des choses précédemment énoncées (« rien qu'à en parler »), lorsque que l'on a perdu un statut enviable, si nos proches se conduisent mal, si nos affaires sont fâcheuses et nos ancêtres déconsidérés. La honte touche plus encore ceux qui doivent être condamnés [ou dont les actes doivent être connus de tous].

Chapitre 7

De la faveur

Arguments pour
La faveur d'une personne à une autre est une gratification désintéressée d'un bien. Elle est plus ou moins importante: si la faveur porte sur un bien considérable et difficile à obtenir, si elle est accordée dans des circonstances graves et délicates, si le donateur est le seul, le principal ou le premier à agir et enfin en fonction du niveau de besoin c'est-à-dire des d'appétits normaux et des appétits dus à une privation du gratifié.
Arguments contre
La gratification était intéressée ou l'effet du hasard ou rendue sous la contrainte ou encore un échange de bon procédés.
Critères pour départager le pour et le contre
La faveur est-elle suffisante? Est-elle sciemment un bon service? A-t-on fait la même chose pour ses ennemis (= désintérêt) ?

Chapitre 8

De la pitié

Elle est un chagrin au vu du malheur immérité d'autrui (affliction, douleurs et destruction) qui pourrait éventuellement également nous toucher ou toucher nos proches. Elle n'émeut ni les désespérés, ni ceux au comble de la félicité mais ceux qui y sont naturellement portés, sont ceux qui ont été épargnés par le malheur, les vieillards, les faibles, les lâches et les personnes cultivées, ceux qui ont une famille ou ceux qui ne sont pas pris par la colère, la témérité et l'arrogance.
La pitié est suscitée par la destruction ou la perte d'un bien (la mort, la flagellation, les infirmités, la vieillesse, la maladie, la faim, n'avoir pas ou peu d'amis) ou par la survenance d’un bien concomitamment à un malheur.
Elle apparaît : lors d’événements récents ou par une fiction qui nous rapproche de choses anciennes ou futures et enfin par les signes commémoratifs (vêtements, discours etc.) de ceux qui ont souffert.
Qui inspire de la pitié? Nos relations pas trop intimes (connaissances ?), les gens qui nous ressemblent et qui sont menacés par un danger imminent.
.
Chapitre 9

De l'indignation

L'indignation suscitée par un succès immérité est le principal opposé de la pitié. Elle n'est pas comparable à l'envie qui est une réaction au succès d'un semblable. Le contraire des vertus ne provoque jamais la pitié mais l'indignation, et cette dernière a un caractère moral tandis que l'envie n'en a pas. Les richesses, le pouvoir et autres biens de la sorte reviennent aux gens de biens qui ont des mérites (noblesses, beauté etc.), ils ne suscitent pas d'indignation et plus ces mérites sont anciens plus ils paraissent naturels donc légitimes. Tandis que ces mêmes biens aux mains de gens récemment pourvus nous affligent. Toutefois, pour ne pas provoquer l'indignation, bien qu'étant homme de biens, celui qui est gratifié doit l'être de manière convenante c'est-à-dire adaptée: l'épée au brave, les brillants mariages aux nobles etc. De même un inférieur ne doit pas lutter avec un supérieur.
Quand peut apparaître l'indignation ?
1.     Lorsque étant homme de biens et de valeur ou étant dans les dispositions morales pour les obtenir l'on n'acquière pas selon son mérite les plus grands biens;
2.     On s'indigne contre ceux qui obtiennent certains avantages immérités que l'on vise et ambitionne (ce que les caractères serviles sont incapable de faire) ;

Mis dans de telles dispositions l'auditoire ou le juge ne pourra être touché par la pitié

Chapitre 10

De l'envie

L'envie est une peine causée à la vue des intérêts d'un semblable à qui revient de choses avantageuses.
Catégories d'envieux
1.     Ceux qui font de grandes affaires car « tout leur appartient» ;
2.     Ceux qui obtiennent de grandes distinctions;
3.     Les ambitieux et ceux qui cherchent la renommée ou ceux qui affectent d'être sage;
4.     Les« petits esprits» ou ceux avec qui on est en rivalité pour les mêmes biens ;
5.     Ceux dont la distinction est un reproche pour nous;
6.     Les vieillards à l'égard des jeunes;
7.     L'homme peu efficace qui a obtenu un même résultat ou atteint le même objectif (voire aucun objectif) avec plus de moyens qu'un autre.

Si l'auditoire est composé de ces gens, ils seront peu enclins à la pitié vis-à-vis de personnes qui leur adresse une requête.

Chapitre 11

De l'émulation

Si l'envie est vile, l'émulation est honnête, elle est la peine causée par des biens honorables (richesses, beauté, vertu, sagesse, générosité, nombreuses relations etc) que nous aurions pu obtenir en tant que gens de bien et que des gens de condition semblable ont acquis. Ce sont ces biens qui excitent l'émulation.
Sont sujets d'émulation : les chefs d'armée, les fonctionnaires (en tant qu'ils rendent des services), les orateurs, ceux dont on recherche la société ou l'amitié, les personnes célébrées.
Sont objet de mépris ceux qui se trouvent dans des situations contraires à ces dernières.

Chapitre 12

Des mœurs de la jeunesse

3 Définitions : 1) les passions sont la colère et tout ce qui fait l’objet des précédents chapitres ;  2) habitudes : les vertus et les vices ; 3) âges : jeunesse, maturité et vieillesse ; 3) fortune : le bonheur et le malheur (richesse/pauvreté, faculté/inaptitude, etc.).
Les jeunes sont surtout portés au violent et éphémère désir corporel de l’amour. Idem en violence pour leurs autres désirs, leur volonté est intense mais sans force. Par amour propre, ils sont enclins à la colère et ne se maîtrisent pas, aiment la supériorité (victoire)et dédaignent la richesse. Ils ont un bon fond et sont souvent abusés, n’étant pas ou peu encore éprouvés, l’espérance est en eux car l’avenir leur appartient. Ils sont braves car colériques, retenus (polis ?), ont une grandeur d’âme, visent le beau plutôt que l’utile, le moral plutôt que le calcul, portent plus que les autres âges intérêt à l’amitié désintéressée. Leur fautes sont sans méchanceté et sont dues à l’exagération, ils croient tout savoir et sont insolents mais néanmoins enclin à la pitié. Enfin ils aiment rire.

Chapitre 13

Des mœurs de la vieillesse.

Elles sont le contraire de celles de la jeunesse (voir ci-dessus) ; les vieux n'affirment rien avec assurance, d'expérience ils sont malicieux et manquent de confiance car les choses humaines sont mauvaises ; d'esprit étroit ils sont avares, timorés, peureux, ont un amour propre exagéré, aiment la vie qui leur fait défaut, visent l'utile, le calcul et l'intérêt plutôt que le beau, manquent de retenue ;peu enclin à l’espérance, ils vivent dans le souvenir du passé qui les rend loquaces ; sont peu ou pas capables d'éprouver du désir sauf à propos du profit d'où leur tempérance apparente. Ils se plaignent toujours et n'aiment pas rire. Leur pitié est due à la faiblesse.

Chapitre 14

Des mœurs de la maturité.

Le caractère des adultes est entre celui des jeunes et de vieux, ni trop audacieux, ni trop timoré. Leur jugement est situé entre la défiance et la confiance, l'utile et le beau, la parcimonie et la prodigalité ou la colère et le désir, il vise la vérité. Ils sont tempérants avec courage et inversement. Ils équilibrent les qualités et les défauts des jeunes et des vieux. La maturité du corps se situe entre 30 et 35 ans, celle de l'âme est à 49 ans.

Chapitre 15

Des mœurs des nobles

Ils sont amis de la gloire. La noblesse est un bien, c'est l'honneur des ancêtres, la haute valeur de la race mais beaucoup d'entre eux dégénèrent




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