Chapitre 21
Sur la sentence
La sentence énonce des généralités relatives à
l'action et au parti qu'il faut prendre ou rejeter. Les conclusions des
enthymèmes sont généralement des sentences. Elles sont de 4 espèces:
Avec épilogue [=raisonnement]
Celle qui exprime une pensée paradoxale ou
controversée ;
Celle qui est une partie d'enthymème;
Celle qui n'est pas partie d'enthymème;
Sans épilogue
Celle dont la conséquence est nécessaire (évidente) =
opinion commune.
L'usage des sentences convient aux vieillards en
raison de leur âge et de leur expérience. Pour les autres elles sont
inconvenantes et marquent la grossièreté ou la mauvaise éducation de celui qui
en fait usage.
Les sentences d'ordre général sont souvent bien
à-propos. Certains proverbes sont des sentences. Il faut les énoncer pour
réfuter des dictons d'ordre public: ex « connais-toi toi-même ». Les intentions
doivent clairement être énoncées ou il faut alléguer un motif. Le pouvoir des
sentences est de jouer sur la vanité des auditeurs pensant que l'orateur
rencontre une de leur opinion. Ainsi le choix des phrases se fait en fonction
de l'orientation des pensées de l'auditeur comme de sa condition.
Chapitre 22
Des enthymèmes
L’enthymème est un syllogisme oratoire qui évite les généralités et se fonde sur une
sélection de faits déterminés (les plus nombreux possibles) paraissant évidents
à l’auditoire et enfin qui conclut sur des conséquences non seulement
nécessaires mais aussi les plus fréquentes.
Par conséquent l’enthymème exige une connaissance
approfondie de la question débattue et dans chaque affaire un choix d’arguments
portant sur les éventualités admissibles et sur les faits le plus en rapport
avec la circonstance. Idem pour des incidents survenus à l’improviste.
Il y a deux sortes d’enthymèmes : le démonstratif
concluant sur des faits reconnus (= lieux) et le réfutatif concluant sur des
faits non reconnus.
Chapitre 23
Lieux d’enthymèmes
1. Du contraire : une chose existant son contraire doit exister aussi. Exemple
: tempérance/intempérance.
2. Du semblable/dissemblable : cette même chose peut produire son semblable ou
son contraire. Exemple, le juste n’engendre pas toujours le bien.
3. Du corrélatif : cette même chose
peut engendrer son corrélatif. Exemple vendre/acheter.
4. Du plus et moins : si cette même chose n’est pas dans les capacités des
plus aptes alors moins encore dans celles des moins aptes. Exemple : si les
dieux ne savent pas tout encore moins les hommes.
5. Du ni plus, ni moins : si cette
même chose est dans les capacités des uns, elle l’est dans celles des autres.
Exemple : Si Hector a pu tuer Patrocle, Alexandre a bien pu tuer Achille.
6. Du temporel : si une chose devait être (eu été) conditionnée à un
événement, une fois l’événement survenu elle ne doit plus être refusée.
7. Des paroles prononcées contre soi (dialectique ?): sert à réfuter et à
discréditer l’accusateur qui reproche aux autres ce qu’il ferait. Exemple
§
Iphicrate : « aurais-tu livré les vaisseaux pour de
l’argent » ;
§
Aristophon : « non » ;
§
Iphicrate : « toi qui est
Aristophon, lui dit-il tu ne les aurais pas livrés, et moi Iphicrate, je
l’aurais fait ! ».
8. De la définition: lieu (= argument tiré d'une définition) ;
9. Du sens multiple des mots;
10. De la division;
11. De l'induction;
12. D'un jugement identique ou contraire (= jurisprudence ???, doctrine ??? et
avis d'autrui) ;
13. De l'énumération des parties, exemple: envers quel dieu Socrate a-t-il été
impie? + énumération;
14. D'un autre lieu pour convaincre ou détourner de conséquences bonnes ou
mauvaises, exemple: il ne faut pas parler en public car si tu avances des
choses conformes à la justice, ( ... ) ce sont les hommes qui te haïront; si
des choses injustes, ce sont les dieux». Ou contrairement « il faut parler en
public car si c'est juste les dieux t'aimeront, si injuste les hommes
t'aimeront ».
15. De faits en corrélation, exemple: si l'on considère que les jeunes gens de
grande taille sont des hommes alors on doit considérer que les hommes de petite
taille sont des enfants;
16. De la comparaison de faits dont la cause serait la même, exemple non cité
par Aristote: l'oisiveté est mère de tous les vices.
17. De décisions incohérentes, exemple: après avoir lutté pour conquérir une
ville, il faudrait la quitter sans combattre;
18. De l'invocation d'un mobile sans rien en savoir, exemple: Diomède accorda
préférence à Ulysse non pour lui faire honneur mais pour avoir un compagnon
inférieur à lui-même;
19. De ce qu'un fait puisse motiver une action ou au contraire la dissuader (=
le mobile d'une action ???);
20. De faits qui sont incroyables mais vrais;
21. De la discordance entres les faits et ou des paroles, exemple: « il dit
qu'il est votre ami, mais il a prêté serment aux Trente» ;
22. De la raison justifiant une calomnie;
23. Du lien de cause à effet;
24. De l'avantage ou du désavantage considérant que personne ne fait rien
contre son intérêt;
25. De considérations d'ensemble;
26. D'énonciation d'erreurs commises;
27. Du nom, exemple: « Penthée, qui porte dans son nom le triste sort qui
l'attend» ;
Les enthymèmes pour réfuter son un condensé d'arguments
contradictoires plus perceptibles par l'auditeur et de ce fait, ils sont plus
appréciés que les enthymèmes démonstratifs. En outre quel que soit l'enthymème
celui qui laisse immédiatement entendre sa conclusion a plus de poids.
Chapitre 24
Lieux des enthymèmes apparents.
1. Lieux qui résident dans l'expression
§
Conclure au lieu d'argumenter,
exemple: ce n'est donc que ceci car ce n'est pas cela;
§
Jouer sur l'homonymie, exemple: « la
souris» est le plus auguste des sacrifices donc la souris (animal) est très
importante;
2. Lieu réunissant des choses distinctes ou distinguant des choses communes,
exemple: si deux doses d'un produit sont mauvaises pour la santé alors une dose
l'est aussi. = paralogisme. ;
3. Lieu d'exagération de l'importance d'un fait sans même avoir prouvé son
existence;
4. Lieu basés sur des signes, exemple: Denys est un voleur car il est vicieux
(mais le vice n'induit pas le vol obligatoirement).
5. Lieu accidentel, inattendu, exemple: on vénère les souris car elles ont rongé
les cordes des arcs ennemis;
6. Lieu de la conséquence immédiate (ou la plus naturelle? ou spontanée ?)
exemple: une belle mise pour sortir le soir est le fait de libertins;
7. Lieu de la pseudo-cause, exemple non cité par Aristote: toutes les croyances
irrationnelles;
8. Lieu d'omission de la question et des conditions, exemple: Pâris enleva à
bon droit Hélène car son père avait laissé à sa fille le choix d'un époux.
9. Lieu de controverse non considéré absolument mais du point de vue des éventualités
(oratoires ?), exemple: le non-être existe car il est non-être
10. Lieu oratoire d'une certaine vraisemblance présenté comme d'une absolue
vraisemblance, = cause la plus faible, exemple: un individu conteste
l'accusation pour voies de fait en raison de sa [faible] vigueur.
Chapitre 25
Des solutions
C'est-à-dire du contre-syllogisme ou de l’objection.
Le contre-syllogisme emprunte les mêmes lieux que le
syllogisme.
Les objections sont de 4 types:
a. Du même, par exemple s'il existe de bons amours, il y en a de mauvais;
b. Du semblable, exemple si le préjudicié a toujours du ressentiment, celui à
qui l'on fait du bien n'a pas forcément de l'amitié
c. Du contraire, exemple: si l'homme de bien sert ses amis, le méchant ne
désert pas forcément les siens;
d. Du jugement emprunté à des hommes célèbres.
Les enthymèmes tirés du vraisemblable, de l'exemple,
de la preuve matérielle et du signe se résoudront par une objection.
La solution peut n'être qu'apparente si l'on objecte
que la conséquence n'est pas nécessaire = paralogisme. Ainsi le défendeur à
l'avantage sur l'accusateur dans la mesure où le juge doit juger des
conséquences nécessaires. Néanmoins il doit également juger en conscience
c'est-à-dire se prononcer sur les vraisemblances, dans ce cas il faut objecter
sur ce qui arrive d'ordinaire par des considérations sur la répétition de
nombreux faits. Idem pour objecter des exemples.
On résout aussi le signe et les enthymèmes énoncés par
signe.
En ce qui concerne les preuves matérielles on ne peut
les résoudre sans prouver que le fait énoncé n'existe pas. S'il est manifeste
et accompagné de preuves matérielles alors il n'y a pas de solution contre
l'évidence.
Chapitre 26
De l’exagération et de l’atténuation.
L’exagération et l’atténuation ne sont pas des lieux d’enthymèmes
mais des enthymèmes montrant d’une chose l’importance ou la futilité, la bonté
ou la malignité, la justice ou l’injustice etc.
Les contre-arguments sont de même nature que les
arguments et l’objection montre l’absence de syllogisme ou allègue de faits
inexacts.
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