lundi 3 novembre 2014

CONNAISSANCE A PRIORI ET A POSTERIORI


1) De l'a priori inné ou acquis (...) éternellement vrai

Ne dit-on pas que la musique est un langage universel ? bien entendu on ne nous apprend pas à faire la différence entre une mélodie et des bruits continus pour la simple raison que notre encéphale est câblé de telle manière que nous savons reconnaître de manière innée des sons rythmiques mélodieux et des sons chaotiques "disharmonieux".
Nous apprécions dès la naissance certaines voix, ou certaines chansons or ni papa ni maman ne nous ont guidés dans ces choix.
Il faut donc que notre mental soit déjà bien fonctionnel pour porter de telle jugements esthétiques entre de belles musiques et des cacophonies insupportables.
Le plaisir éprouvé à l'écoute des sons est probablement un des meilleurs exemples de connaissance à priori sans apport d'aucune information extérieure. C'est un jugement à priori
Il existe d'autres exemples de ce type: la reconnaissance des formes est généralement acquises par le jeu durant la petite enfance. Quand des sphères, des ronds ou des cubes sont emboîtés dans une ouverture qui leur correspond l'enfant a deviné généralement la solution au problème en observant les objets à sa portée.
Pour autant le jeu n'est pas aussi spontané que l'expérience esthétique de la musique ou du goût pour telle ou telle image, mais quoi qu'il en soit on peut dire que tout ce qui à un rapport proche ou lointain avec les mathématiques ou la géométrie sont des connaissances à priori. Une belle peinture est une représentation qui répond aux exigences du nombre d'or, les notes de musique et les rythmes peuvent se traduire en formules et les formes sont généralement un rapport de valeurs dans l'espace en trois dimensions.
Puisque que nous sommes préparés génétiquement à savoir qu'une sphère n'est pas un cube ou que deux et deux font quatre nous parlerons en cette matière de savoir évident et vrai quel que soit notre origine ethnique, sociale ou religieuse; un triangle bouddhiste est le même qu'un triangle musulman et une équation à deux inconnues est la même partout[1]

John Locke réfute cette innéité de l'esprit et considère au § 15 de son essai concernant l'entendement humain :
"par quels degrés l'esprit vient à connaître plusieurs vérités. D'abord les sens remplissent, pour ainsi dire, notre esprit de diverses idées qu'ils n'avait point; et l'esprit se rendant peut à peu ces idées familières , les placent dans sa mémoire, et leur donne des noms. Ensuite, il vient à se représenter d'autres idées, qu'il abstrait de celles-là, et il apprend l'usage des noms généraux..etc."
Son argumentaire est contestable dans la mesure où le philosophe place l'idée des choses non dans l'esprit mais dans la sensation, ce qui reviendrait à considérer que les sens connaissent le monde où que les idées sont dans le monde et véhiculer par les sens humains. Au 21ème siècle avec les connaissances en neuroscience nous savons que ce n'est pas possible. 

2) De l'a posteriori toujours acquis ou construit de manière synthétique (...) vrai jusqu'à preuve du contraire.

La science empirique positive à permis de faire de spectaculaires progrès dans tous les domaines de la connaissance, en médecine, en physique, en chimie, en technologie etc.  mais nous savons que cette connaissance est relative à un état du savoir dans telle région et à telle époque donnée. hormis les mathématique ou toutes les matières qui ne sont " mathématisable"qui sont des sciences de la nature profondément exactes dans la mesure où des formules ont permis de fixer leur caractère fondamentalement à priori. Mais Il existe des sciences nettement moins précises comme par exemple la médecine ou l'économie pour n'en citer que deux.



[1]  John Locke dans son Essai philosophique concernant l’entendement humain conteste qu’il puisse y avoir dans l’esprit humain des  principes innés et sa première démonstration est d’affirmer qu’il ne suffit pas qu’il y ait un consentement général pour justifier ces principes [idées] car écrit-il (..) il y a une grande partie du genre humain à qui elles sont inconnues.»  Et d’enchaîner en citant que pour les enfants et les idiots, il n’y a aucune connaissances de principes tels que « Ce qui est, est ; et il est impossible qu’une chose soit et ne soit pas en même temps. Ces deux propositions ne sont pas universellement reçues, écrit-il, puisqu’elles nécessitent une capacité de rationalisation dont sont incapables les enfants et les idiots.

Cet argument n’est pas recevable dans la mesure où les principes innées chez l’enfant sont reconnus en premier lieu sous forme esthétique, ou bien sous forme d'expériences plaisantes ou déplaisantes. L’esprit n’est pas une tabula rasa à la naissance.

Page 56 de son essai :(...) "premièrement nos sens, étant frappés par certains objets extérieurs, font  entrer dans notre âme plusieurs perceptions distinctes des choses, selon les diverse manières dont ces objets agissent sur nos sens . C'est ainsi que nous acquérons les idées que nous avons du blanc, du jaune, du chaud, du froid, du jour, du mou, de l'amer et de tout ce que appelons qualités sensibles."
Or ce n'est pas la sensation qui est idée mais l'interprétation qu'en fait l'encéphale sans la moindre éducation ou rationalisation préalable. 
Page 85 de son essai, il décrit le processus qui selon lui transforme les qualités des objets en perception :"Ainsi, puisque l'étendue, la figure, le nombre et le mouvement des corps qui sont d'une grosseur propre à frapper nos yeux, peuvent être aperçues par la vue à une certaine distance, il est évident, que certains petits corps imperceptibles doivent venir de l'objet  que nous regardons, jusqu'aux yeux, et par-là communiquer au cerveau certains mouvements qui produisent en nous les idées que nous avons de ces différentes qualités."   
Au 21ème siècle nous savons que ces petits corps imperceptibles venant de l'objet sont des photons de lumières réfléchis sur l'objet et perçus par l’œil qui les transforme en signal électrique. Il n'y a donc aucun rapport consubstantiel entre la qualité de l'objet (noumène) et l'idée que nous en avons (phénomène).  L'entendement n'est nullement comme le philosophe le croit page 107 un cabinet obscur : "Car à mon avis , l'entendement ne ressemble pas mal à un cabinet entièrement obscur, qui n'aurait que quelques petites ouvertures pour laisser entrer par dehors les images extérieurs et visibles, ou, pour ainsi dire, les idées des choses:"
      

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