samedi 11 octobre 2014

Réflexion sur la supériorité de l'homme dans le règne animal et réfutation d'une conscience collective apparaissant dans nos sociétés complexes.

D’emblée disons que (...) l’homme n’est pas supérieur ni à la bête, ni à la plante en terme de complexité, certes il y a des variations phénotypiques, mais le génotype humain n’est pas franchement plus complexe que celui d’un tubercule de pomme de terre. Il peut-être plus spécialisé comme le phénotype du neurone ou celui d’une cellule osseuse.
Malgré cela, on a toujours placé l’homme au-dessus de tout dans une classe à part produisant de la sorte un effet délétère : l’entropie du vivant ou la disparition des espèces.
Pourquoi ?
Reprenant notre idée de complexité  (càd. complexité génétique croissante n.d.r.), nous devrions en toute logique concevoir un être supra-humain, par exemple les sociétés, mais à l’analyse ce concept de société vivante ne tient pas la route car si lesdites sociétés sont effectivement plus complexes que chacun de ses composants (les individus), il n’en est pas moins vrai que la complexité ne peut pas surgir d’éléments tous identiques : l’homme.
Dans la pyramide de la complexité (cf Hubert Reeves) ce sont des éléments différents qui s’associent entre eux pour former une classe supérieure plus variée que la classe inférieure; suivant ce principe il devrait donc y avoir plus de sociétés (ou de culture) que de genres d’êtres humains ; c’est probable mais aussi, il devrait y avoir plus de cultures que de genres d’animaux et de plantes, et ici la vérification montre une erreur de jugement. On pourrait expliquer l’anomalie en reformulant le terme société ne désignant plus, cette fois, une association d’êtres humains mais bien plus largement une association d’humains, de plantes et d’animaux ; en effet, que seraient nos vies sans l’agriculture, l’élevage, les jardins, les plantes ornementales ou les animaux de compagnie.
Malheureusement, cette remarque ne lève pas l’ambiguïté car si tous systèmes (les sociétés en font partie) produisent normalement des contraintes sur les individus (hommes, bêtes et végétaux) et des phénomènes émergeants (voir première partie), alors aussi elles doivent susciter l’émergence d’une conscience collective ; sans quoi une collectivité reste une foule anonyme juxtaposant l’une à côté de l’autre des individualités séparées dont le seul intérêt à vivre ensemble est la satisfaction de besoins. Les bêtes mangent les végétaux, les hommes mangent les plantes et les animaux, et par-dessus tout, les privilégiés exploitent les moins nantis ; de ce processus sortirait une soi-disant conscience collective. Est-ce possible ?
Sans jeu de mots, cette théorie de la prédation domestiquée est difficile à avaler ; la pyramide sociale se superposant pour l’occasion à la pyramide de la complexité. Plus encore, on ne peut pas parler d’association entre l’humain, l’animal et le végétal, quand on connait l’usage  alimentaire de la culture et de l’élevage, quand on sait comment  sont commercialisés et parfois abandonnés nos chers petits compagnons. En fait, nos sociétés sont compliquées et difficile à comprendre mais ne présentent aucun caractère de la véritable complexité.
Pour l’humanité socialisée il est impossible de développer une conscience collective, car le même associé au même ne peut rien produire de nouveau ou de supérieur, et les organismes vivants asservis à l’être humain ne sont pas des associés mais sont réduits à l’état d’objet ou de matière destinée à l’alimentation ou à l’agrément. Qui que nous soyons, nous comptons pour les mêmes bipèdes du genre homo, nos relations sont de type homogène.
Entre un ouvrier en bas de l’échelle sociale et un dirigeant politique au sommet la différence est insignifiante tant sur le plan physique qu’intellectuel,  on peut parler de spécialisation ou d’aptitudes particulières, mais les fonctions sont réversibles ; l’ouvrier peut devenir politique et le politique ouvrier. Pour générer de la conscience, il faut un organe de centralisation capable de traiter les informations en leur donnant du sens, et pour ce faire les cellules vivantes se transforment d’une manière telle qu’il n’est pas possible d’utiliser un neurone à la place d’une cellule osseuse ou une cellule osseuse à la place d’un neurone. Entre les humains cette spécialisation n’est clairement pas suffisante et donc aucun organe de décision politique, économique ou social ne peut générer une conscience collective. En réalité, la pseudo-conscience collective est une addition d’égoïsmes et une synergie entre des intérêts plus ou moins partagés.
Par conséquent, toute société est un système aveugle générant de l’exploitation et des destructions de masse. La pire illusion consiste à croire au bonheur en cherchant son utile selon une formule d’inspiration spinoziste, car immanquablement l’utile à soi nuira à l’épanouissement d’autrui. Pour faire fonctionner un tel système, il lui faut une régulation morale, un dieu ou une main invisible, c’est-à-dire de l’illusion, des fables, des fantaisies et de la manipulation mentale, tandis que la vraie complexité par structuration d’éléments hétérogènes n’a besoin d’aucun régulateur, d’aucune superstructure dirigeante. Les collectivités humaines sont comme des aspirateurs de particules, des trous noirs dont la force de gravitation détruit systématiquement les structures à leur portée. Plus encore, à y regarder de plus près, l’hétérophagie et l’exploitation n’ont rien à voir avec la complexité, où il est question d’association et non de destruction pour manger. Cette dernière n’apporte pas plus d’information
(ou d’entropie négative) mais uniquement de l’entropie.  En cela, nous devons entièrement donner raison à Levy Strauss pour qui « le monde a commencé sans l’homme et s’achèvera sans lui » (Triste Tropique).
Nonobstant ce pessimisme justifié, nous pensons que les sociétés humaines doivent muter pour se renouveler et relancer le processus de la complexité informationnelle ; le défi de demain est la dégressivité du principe entropique, d’exploitation et la progressivité du processus d’association informationnelle comme de la coopération entre les espèces vivantes.

Références extrait de « Egoplégie » d’Emmanuel Halden p 424-426



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